So foot ces Anglais

Triste ou gai, le football ? Puritain ou sexy ? Socialiste ou âpre au gain ? Des questions que l’on devrait peut-être se poser à la veille du coup d’envoi de la Coupe du monde 2010. Pour les Anglais, de Liverpool à Manchester, l’art du ballon rond est depuis longtemps un débat sans fin.

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On a beau passer la maison au peigne fin, on ne trouve pas de télé. Pas la peine de s’en étonner, notre hôte bougon en serait probablement froissé. Ici, le football est une affaire sérieuse. On en parle plus qu’on ne le regarde. Il se vit au stade, au pub éventuellement, mais, entre les murs de cette bicoque ouvrière de Liverpool, c’est une source de réflexions infinies, un objet d’étude et d’auto-analyse. Pris dans un rai de lumière morne, un livre aux reliures d’un autre temps est ouvert sur un pupitre de la salle à manger, les pages sportives des quotidiens s’étalent en vrac sur la toile cirée. Dans la pièce voisine, les ouvrages s’empilent sur les rayonnages, selon une division bien précise : psychologie sur un mur, football sur l’autre. Le noyau dur de quarante années de recherches intenses et extravagantes. Des centaines d’autres livres sont rangés sur des étagères de l’université de Liverpool où Rogan Taylor, enfant du pays à l’accent rude et aux manières rugueuses, anime un cursus consacré au sport qui a englouti sa vie. Le foot, sujet de thèses ? « Dans cinquante ans, dit-il, les sociologues nous remercieront à genoux. » Comment pourrait-il ne pas y croire dur comme fer ? Il est anglais. De Liverpool. La ville de Bill Shankly, coach légendaire des années 1960, à qui un journaliste disait un jour : « Mais, le football, ça n’est quand même pas une question de vie ou de mort ? » – Réponse : « Vous avez raison, c’est bien plus que ça ! »

Le football est-il un leurre ? Non contents d’avoir donné au monde un sport qui compte près de deux cent cinquante millions de pratiquants et qui va occuper, pendant un mois, tous les esprits d’un continent à l’autre, les Anglais ont aussi inventé une forme de conversation particulière, qui part du football pour toucher à tout, au rock, à Dieu, à Marx ou Picasso… Une causerie qui oscille entre discours, fables et bavardage et prend souvent des tours illuminés. Ce jour-là, par exemple, avant d’en venir aux choses sérieuses, Rogan Taylor prépare le thé en marmonnant quelques banalités d’usage qui vont nous conduire aux espions russes. Dans la cuisine, le temps semble suspendu. La lumière est celle d’une grisaille anglaise de toute éternité. La fenêtre donne sur les murets qui ferment un jardin minuscule. A la radio, une voix d’homme mûr, élégante, égrène, sans émotion, les scores de rencontres qui se sont jouées la veille. On en vient naturellement à parler des commentateurs sportifs, ces héros, et de leur fonction rassurante. « Quand nous étions enfants, dit Rogan Taylor, le football nous offrait un cocon, un repère, une place dans le monde, les matchs se jouaient le samedi après-midi, avant la tombée de la nuit, l’annonce des résultats délimitait le périmètre de notre existence… »

“Est-ce qu’il y avait vraiment 2-2 entre Halifax
et Rochdale, ou les Russes faisaient-ils
circuler des scores bidonnés pour saper
le fondement de la démocratie occidentale ?”

Dans les années 1950 ou 1960, ils venaient toujours à la même heure, avec l’accent chaud et pondéré de la BBC, la douceur enveloppante de la météo marine. La famille était disposée dans la pièce selon un ordre qui semblait immuable, les noms de villes si proches ou si lointaines faisaient flotter le parfum d’une Angleterre imaginaire : « On a du mal à concevoir, dit Rogan Taylor, quelles prouesses humaines et techniques il fallait mettre en œuvre, en Angleterre comme ailleurs, pour rapatrier ces données des régions les plus dures et les plus éloignées… C’était une organisation qui mobilisait les forces vives du pays. Pour assurer notre équilibre. Nourrir notre obsession. » « Aujourd’hui, écrivent les auteurs d’une pochade sur les beautés évanouies du football (1), même les réseaux d’écoute planétaire déployés pour traquer Al-Qaida n’approchent pas la mobilisation qui était nécessaire pour nous fournir à l’heure les résultats de football. Les trois quarts de la redevance télévisuelle y étaient consacrés. Et l’action des hommes sur le terrain était d’autant plus remarquable que leur travail se déroulait sur fond de pagaille industrielle, de pannes de courant et de guerre froide. Est-ce qu’il y avait vraiment 2-2 entre Halifax et Rochdale, ou bien les Russes faisaient-ils circuler des scores bidonnés pour saper le fondement de la démocratie occidentale ?»

Le football donne-t-il le blues (ou est-ce l’inverse) ? Parmi les centaines de livres consacrés à la passion pour le foot qui s’entassent dans les bureaux de Rogan Taylor et de ses confrères d’université, beaucoup ont été écrits à partir des années 1990. Une abondante littérature a fleuri d’un coup. Dans l’élan du succès phénoménal de Fever Pitch (Carton jaune), de Nick Hornby, confession intime d’un supporter d’Arsenal. A l’époque, l’écrivain, débutant et timide, était le premier surpris de son triomphe. Dans son atelier londonien, à quelques mètres du stade d’Arsenal (qui a déménagé depuis), il nous ouvrait des cartons de lettres enthousiastes proclamant invariablement : « Votre livre, c’est moi ! » Il s’enorgueillissait, ce jour-là, de la plus récente, signée Paul McCart­ney, mais aussi du nombre invraisemblable de messages rédigés par des femmes. « J’ai écrit ce livre pour elles, disait-il. Nous leur devons bien ça. Nos manies et l’univers étrange dans lequel nous vivons repliés ne facilitent guère les relations. Je voulais leur faire comprendre d’où nous venons. »

“J’avais le blues et quand je regardais
jouer mon équipe je pouvais le déballer
et le laisser s’épanouir.”
(Nick Hornby)

Comme le savent ceux qui viennent de suivre assidûment les matchs de préparation de l’équipe de France pour l’Afrique du Sud, une vie de supporter est un long cortège de jours moroses : « Si j’avais été filmé par le drapeau de corner n’importe quand entre 1968 et 1981, mon expression aurait été invariablement la même, écrit Nick Hornby dans Fever Pitch. Ce dont j’avais besoin plus que tout c’était d’un endroit où mon dés­es­poir sans objet pourrait s’épanouir, où je pourrais être tranquille, m’inquiéter et ruminer. J’avais le blues et quand je regardais jouer mon équipe je pouvais le déballer et le laisser s’épanouir. » « Le football est un sport sombre pratiqué par des gens sombres pendant des après-midi sombres », disait Robert Smith, le chanteur de Cure, dont le rêve absolu aurait été de composer une bande-son flamboyante, ténébreuse et romantique pour un match de son équipe fétiche, les Queen Park Rangers. Il confiait ça avec malice et passion, sans crânerie aucune. « Quand le football a commencé à devenir festif, latin et brésilien, nous nous sommes fait un devoir de rappeler la poésie de ses origines : la pluie, la boue, les stades des quartiers ouvriers où nous prenions place à côté de nos pères taciturnes pour regarder une équipe qui ne gagnait jamais. »

« Le football nous fera toujours souffrir parce que c’est une invention d’une extraordinaire perversité, affirme Rogan Taylor. La balle au pied : une idée délirante qui revient à demander l’impossible aux joueurs, à les condamner à l’imperfection permanente. A l’inverse du basket, où il est difficile de rater ses gestes, tout le monde sait qu’on n’arrive que très rarement à contrôler un ballon avec le pied. Du coup, la vie dans un stade est faite de douleur et de déception, on appréhende, on endure, on se résigne, on chante pour se donner du courage, on sent que rien ne se passera comme on veut. Et 99 % du temps, c’est le cas. L’amour du football est une longue affliction traversée d’éclairs divins ! »

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Le football a-t-il un sexe ? « Il faut bien que le corps exulte… » A l’heure du but, tout le monde tombe d’accord. L’euphorie est sans limite, l’air saturé de lumière, les étreintes franches et délicieuses. Rien au monde ne viendra gâcher ce sentiment de délivrance. « Le sport nous fait vivre dans un état second, confie Eric Cantona. C’est électrique et bouleversant. Comme un orgasme. Pour les supporters aussi, l’émotion est telle qu’ils ne savent plus où ils sont. La communion est totale. » « Marquer un but dans un match important, disait aussi Rodney Marsh, un des feux follets du foot anglais des années Beatles, est une jouissance dix fois plus importante que celle procurée par le sexe. On entend réellement le sang nous monter à la tête… C’est sans doute meilleur que la cocaïne. »

Il suffit d’écouter les commentateurs filer les métaphores, de suivre l’actualité printanière, ou de regarder Didier Drogba et Cristiano Ronaldo prendre la pose en caleçon moulant sur la couverture de Vanity Fair pour voir à quel point le football est habité par le sexe. Savoureuse ironie, si l’on en croit les historiens les plus pointilleux : ce sport collectif fut en partie inventé, dans les grandes écoles du XIXe siècle, pour lutter contre les pulsions dévorantes qui agitaient les jeunes hommes. « Il y avait une panique tellement répandue autour de la masturbation, écrit Katy Mullin, historienne de la littérature et spécialiste de James Joyce, que tout était mis en œuvre pour combattre la solitude, l’intimité et l’individualisme. » Pour ceux qui avaient en charge l’éducation de l’Empire, la jeune garde conserverait sa pureté si elle consacrait son énergie au groupe et à la pratique d’une activité très physique mais non sexuée. Katy Mullin s’amuse des expressions employées dans ces temps pré-freudiens pour encourager les garçons à prendre l’air et à se dépenser sur le terrain : « Jeune homme, prends-toi fermement en main » ou « Méfie-toi du serpent qui s’est glissé dans bien des écoles. »

Cantona a triomphé à Manchester.
Pas seulement parce qu’il était français,
mais artiste, peintre, fanfaron, matador,
beau parleur, séducteur et rebelle.
Le dernier des grands héros…

Soixante-dix ans après la première coupe du monde en Uruguay, beaucoup de questions restent encore (heureusement) à débattre pendant les semaines à venir. Le football est-il puritain ou sexy ? Rugueux ou sensible ? Anglais ou sud-américain ? Le monde se divise-t-il toujours aussi simplement entre le « romantisme » du football latin, le « drame » germanique, le « lyrisme » des équipes de l’Est et la « virilité » du jeu anglais ? « Discussion sans fin, dit Paul Laverty, supporter pour la vie du Celtic de Glasgow et scénariste de Ken Loach (pour Looking for Eric notamment). Nous avons longtemps tiré fierté de notre rudesse et de la vaillance prolétaire de nos équipes par opposition à la sophistication des étrangers, des Français en particulier, c’est ce qui rend unique le triomphe de Cantona à Manchester. Pas seulement parce qu’il était français, mais artiste, peintre, fanfaron, matador, beau parleur, séducteur et rebelle. Le dernier des grands héros… » Avant lui, il y avait eu, dans les années 1960, George Best, « le cinquième Beatles », qui, pour beaucoup, n’était pas un homme, un vrai, parce qu’il jouait de manière divine et imprévisible. « George Best la star / marche comme une femme / porte un soutien-gorge », chantaient ceux qui n’étaient pas de Manchester. Les frasques et les cuites de Best étaient aussi légendaires que ses dribbles, il portait les cheveux longs et était toujours prêt à culbuter n’importe quand, une des filles qui, par dizaines, lui collaient aux basques. Avec lui, le jeu est devenu érotique et n’a plus jamais cessé de l’être. « Les rapports sexuels ont commencé en 1963, écrivait le poète Philip Larkin, / (un peu tard pour moi) / entre l’interdiction de L’Amant de Lady Chatterley et le premier album des Beatles. »

Le football est-il socialiste ? Le club de Liverpool appartient aujourd’hui à des magnats américains qui investissent, comme c’est la mode, dans les produits dérivés, les nouvelles signatures de joueurs et la frénésie de l’instant. « Mais le football, dit Rogan Taylor, a toujours vécu dans le souvenir d’un esprit de communauté et de solidarité. Maintenant que le prix des entrées au stade est devenu prohibitif et que le kop n’est plus le kop, des cercles se reforment ailleurs, dans les pubs autour des écrans géants… Les supporters n’ont pas changé, ils attendent toujours la même chose de leurs joueurs. » Et en terre de football, il n’y a qu’un dogme, celui que défendait Bill Shankly, l’entraîneur du Liverpool des années 1960, figure paternelle d’une ville de légende : « Le socialisme auquel je crois, c’est le travail des uns au profit de tous, la répartition égale des efforts, des récompenses et des bénéfices. C’est ainsi que je vois la vie, c’est ainsi que je vois le football. »

“Mon père m’a toujours dit que nous étions les
plus forts du monde – et c’est ce que disent
la plupart des pères dans la plupart des stades.”

« J’adorais Bill Shankly, confiait Ian McCulloch, le leader d’Echo and the Bunnymen, parce que je retrouvais mon père en lui. Son humour extraordinaire sous des dehors stricts, son arrogance, sa loyauté. Mon père m’a toujours dit, comme Bill Shankly, que nous étions les plus forts du monde – et c’est ce que disent la plupart des pères dans la plupart des stades –, il m’a confié un souffle, une aura qui m’ont accompagné partout. Je respectais Shankly parce qu’il est resté fidèle à Liverpool jusqu’à la fin de ses jours. Tout a changé, les entraîneurs et les joueurs passent de plus en plus vite. En voyant s’évanouir cette loyauté, des villes comme Liverpool perdent leur sentiment d’invincibilité. » Supporter et actionnaire de la petite équipe de Bath, Ken Loach constate que « le football moderne n’est plus intéressant qu’au niveau des clubs modestes qui ont su préserver l’esprit d’une communauté. La mainmise de la finance et la folie du marché des transferts ont tout bouleversé. » Et d’ailleurs, si Loach devait faire un autre film sur le sport, ça serait sans doute l’histoire de Billy Meredith, dribbleur de génie de la fin du XIXe siècle qui descendit à la mine à 12 ans avant de chavirer le coeur des foules. Il jouait sur l’aile, en gardant toujours, aux lèvres, un cure-dent. Il gagnait trois livres par semaine. Quand les émissaires de Manchester City lui ont proposé un contrat, les gens de son village les ont pourchassés et jetés dans l’étang. « C’est bien beau de venir des grandes villes pour voler nos enfants, leur a dit la mère du prodige, mais il y a autre chose dans la vie que l’argent. » Billy Meredith a fini par partir pour Manchester. Où il s’est mis en grève contre la servitude du système des transferts et où il a fondé le premier syndicat de joueurs.

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Qu’est-ce que c’est que ce jeu-là, démoniaque et divin ?… demandait Marguerite Duras à Michel Platini. Réponse de l’idole : « Le football est aimé. Pourquoi est-il aimé ? Je vais vous le dire. Parce qu’il n’a aucune vérité. »

Laurent Rigoulet & Télérama

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“Warum fragt jemand nach der Farbe meines Lippenstifts?”

Seit 1977 gibt es The Cure mit Frontmann Robert Smith. Nach längerer Ausszeit hat die britische Band ein neues Album aufgenommen und ist wieder auf Tournee. Gabriela Herpell sprach mit dem Sänger über Make-up, Kinder, Beckham und ein misslungenes Konzert.

Das Konzert auf dem Southside-Open-Air im Schwäbischen ist gerade vorbei. Robert Smith steht in der Garderobe und fragt, ob man etwas trinken möchte. Er serviert, macht sich selbst ein Bier auf, lässt sich aufs Sofa fallen.

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Die schwarzgefärbten Haare fallen ihm ins Gesicht, das Make-Up ist zerlaufen. Angeblich soll man sich beeilen. Aber Robert Smith ist ein einnehmender Mensch. Er nimmt sich für dieses Gespräch eine Stunde Zeit. Um viertel nach Zwei in der Nacht verabschiedet er sich mit einer Umarmung.

SZ: War das ein Konzert nach Ihrem Geschmack?

Robert Smith: Ja, das Publikum war sehr nett, das hat die Katastrophe von gestern in Hamburg wieder gut gemacht.

SZ: Die distanzierten Norddeutschen.

Robert Smith: Daran lag es nicht. Ich dachte, wir sind in Hamburg, da können wir es mit einem etwas experimentelleren Set versuchen. Ich hatte damit gerechnet, ein eingespieltes Cure-Publikum vor mir zu haben und nicht darüber nachgedacht, dass es das South-Side-Festival war und die Hives vor uns spielten.

Dazu kam, dass es bitterkalt war. Und dann noch dieser riesige Abstand zwischen uns und den Zuschauern, vollkommen lächerlich, ich konnte die Leute nicht sehen. Naja, wir haben acht oder neun Songs von der neuen Platte gespielt, und es hat gar nicht funktioniert.

SZ: Ist das immer noch schlimm für Sie, nach all den Jahren im Geschäft?

Robert Smith: Es ist schrecklich. Stellen Sie sich vor, Sie stehen da auf der Bühne und es kommt gar nichts zurück vom Publikum.

SZ: Warum haben Sie nicht schnell ein paar Ihrer sicheren Hits gespielt?

Robert Smith: Das geht dann nicht mehr, die Setliste muss man vorher durchgeben, dann kann man nicht mehr viel ändern. So ein Fehler in der Planung ist mir in den letzten zehn Jahren nicht unterlaufen.

SZ: Sie haben heute die Konsequenzen gezogen und den Leuten immer wieder mal einen alten Song serviert . . .

Robert Smith: Man muss einfach begreifen, dass wir auf so einem Festival nur eine Band von vielen sind und die Hälfte des Publikums niemals vorher bewusst einen Cure-Song gehört hat.

SZ: Sie sind seit 25 Jahren im Geschäft, da kommen viele Interviews zusammen: Welche Frage haben Sie eine Million Mal beantworten müssen?

Robert Smith: Die Frage nach der Farbe meines Lippenstifts.

SZ: Ich hätte richtig geraten.

Robert Smith: Es ist auch die Frage, die mich am meisten nervt. Es ist doch so egal, welche Farbe. Die Tatsache, dass ich Lippenstift trage, mag interessant sein, aber die Farbe?

SZ: Ich hätte gedacht, alle fragen nach der Marke.

Robert Smith: Das tun sie dann auch noch.

SZ: Haben Sie die Marke gewechselt über die Jahre?

Robert Smith: Ja. Ich trage die Farbe, mit der ich mich am wohlsten fühle. Das sieht dann aus, als hätte ich mir in die Lippe gebissen.

SZ: Ist Ihr Lippenstift zur Gewohnheit geworden – oder ein Statement?

Robert Smith: Sie wollen also tatsächlich auch mit dem Lippenstift weitermachen! Nun, mit 13 habe ich mich im Badezimmer eingeschlossen, das Make-Up meiner Schwester ausprobiert, bin geschminkt in die Schule gegangen und gleich mal wieder nach Hause geschickt worden.

SZ: Um sich abzuschminken.

Robert Smith: Um am nächsten Tag ohne Make-Up wieder zu kommen. Ich hatte Haare bis zum Hintern, habe Damenkleider in der Schule angezogen – und wurde schon wieder nach Hause geschickt.

SZ: Und Ihre Eltern?

Robert Smith: Die waren sehr geduldig. Sie hofften, dass ich eines Tages einfach damit aufhören würde.

SZ: Da hoffen sie bis heute drauf.

Robert Smith: Ich habe immer mal kurz damit aufgehört – und dann wieder angefangen, nachdem ich Thin Lizzy oder David Bowie im Konzert gesehen hatte. Dann war es plötzlich nichts Besonderes mehr für Leute in meinem Alter, und ich habe es sein lassen. Bis ich die ersten Fotos von mir auf der Bühne sah! Ich fand mein Gesicht nichtssagend und leer. So wollte ich nicht aussehen. Geschminkt fand ich mein Gesicht ausdrucksvoller, darum trägt man ja nun mal auch Make-up.

SZ: Damals hatten Sie den Blick doch nur starr auf Ihre Gitarre gerichtet.

Robert Smith: Ja, ich wollte eigentlich nicht gesehen werden. Aber wenn ich hoch schaute, sollten die Leute meine Augen sehen. Ich weiß, das klingt komisch, ich finde es auch schwierig, darüber zu reden, weil es dann so wirkt wie bei Stars, die in Interviews sagen, dass sie es eigentlich gar nicht mögen, im Mittelpunkt der Öffentlichkeit zu stehen. Das ist lächerlich! Jedenfalls: Als wir dann “Pornography” gemacht haben, fing ich an mit Lippenstift und rotem Lidschatten. Vorher war es nur schwarzer Kajal.

SZ: Tragen Sie nur auf der Bühne Make-up?

Robert Smith: Da macht es am meisten Spaß. Vor Auftritten betrachte ich mich im Spiegel und probiere Dinge aus.

SZ: Wie findet das Ihre Frau?

Robert Smith: Meine Frau mag es, wenn ich mich schminke. Sie mag überhaupt, wie ich aussehe. Das ist ein großes Glück. Ich muss mich ja nicht angucken.

SZ: Ich dachte, zu Hause wären Sie ungeschminkt.

Robert Smith: Ich schminke mich natürlich nicht, um einen Spaziergang am Strand zu machen.

SZ: Strand? Sie sehen nicht aus wie jemand, der Strandspaziergänge macht.

Robert Smith: Mein Garten geht bis zum Meer. Da ist kein Sand, da sind Felsen. Und der Strand ist in England, da ist also auch keine Sonne. Es ist ein düsterer Strand.

SZ: Der düstere Strand ist dort, wo Sie aufgewachsen sind, oder? In Crawley.

Robert Smith: Ja, 25 Kilometer von Brighton entfernt.

SZ: Sie sind nie aus Crawley weggezogen. Sie sind mit der Frau zusammen, die Sie mit 18 Jahren kennen gelernt haben. Sie tragen immer noch schwarze Kleidung, dieselbe Frisur, über das Make-up haben wir ja lange genug geredet. Kann es sein, dass Sie Veränderung nicht mögen?

Robert Smith: Veränderung ist ein Thema, mit dem ich mich immerzu beschäftige. Im ersten Song auf der neuen Platte zum Beispiel geht es vor allem darum, wie man feststellt, wer man eigentlich ist. Und ob man glaubt, dass man sich verändern und doch man selbst bleiben kann. Man muss einfach akzeptieren, dass Menschen sich verändern können.

SZ: Aber das gefällt Ihnen eigentlich nicht.

Robert Smith: Das ist es nicht. Ich frage mich immer, wann wird man eigentlich man selbst? Ich bin zum Beispiel mit bestimmten Wertmaßstäben groß geworden, die habe ich verinnerlicht. Aber an welchem Punkt bin ich ich geworden? Was heute Abend passiert, wird mich in irgendeiner Weise verändern. Also kann ich niemals ich sein, weil ich mich ständig verändere. Ich weiß auch nicht, rede ich mich gerade um Kopf und Kragen?

SZ: Nein, aber ich war nicht darauf gefasst, das Thema so philosophisch anzugehen. Ich glaube, mir ging es wohl eher um Äußerlichkeiten.

Robert Smith: Mit einem Freund streite ich mich dauernd darüber. Er glaubt, dass man zwischen fünf und neun Jahren zu der Person wird, die man ist, und danach verändert man sich im Grunde nicht mehr.

SZ: Das glaube ich nicht.

Robert Smith: Aber es ist was dran! Ich habe noch Freunde aus meiner Teenagerzeit. Es hat auch Vorteile, wenn man da bleibt, wo man herkommt. Ich sehe in ihnen manchmal immer noch das 13-jährige Kind. Ich glaube, dass sich zwischen elf und 15 Jahren viel herauskristallisiert.

SZ: Sehen Sie das bei sich selbst denn auch so? Wenn Sie so an den 15-jährigen Robert Smith denken?

Robert Smith: Absolut. Ich glaube, wenn ich mich in diesem Raum mit meinem 15-jährigen Ich zusammensetzen würde, würden wir uns gut verstehen. Ich glaube sogar, dass wir ähnlich auf bestimmte Situationen reagieren würden. Ich habe mich nicht sehr verändert. Aber wenn ich mir die Erfahrungen der letzten 30 Jahre anschaue, ist der Unterschied zwischen dem 15-jährigen und dem 45-jährigen Robert Smith wieder verdammt riesig.

SZ: Was ist mit den Menschen, die Ihnen am nächsten stehen? Man bemerkt doch Veränderungen.

Robert Smith: Sicher. Mein Vater hat sich verändert, er hat sich enorm verändert! Er sagt, dass ich es bin, der sich verändert hat, und ihn anders betrachte, aber ich finde, er hat sich verändert. Da sehen Sie, wie kompliziert das ist. Wer kann das beurteilen?

SZ: Was ist mit Ihrer Frau? Sie sind so lange zusammen. Verändert man sich dann gemeinsam? Verändert sich die Beziehung?

Robert Smith: Das ist die einzige Beziehung in meinem Leben, die sich kaum verändert hat. Wenn man so lange zusammen ist und keine Kinder hat, verändert sich nicht viel. Kinder stülpen eine Beziehung komplett um, glaube ich, aber wir haben keine. Wir kannten uns schon, als ich noch keine Band hatte. Das bedeutet, dass Mary mit mir da hineingewachsen ist, dass sie weiß, worum es da geht, und dass ich wiederum in dem Moment, in dem ich nach Hause komme, wieder der sein kann, den sie damals kennen gelernt hat.

SZ: Und das genießen Sie?

Robert Smith: Ja, das bringt mich auf den Boden zurück. Mir wird oft vorgeworfen, ich sei nie erwachsen geworden. Ich fühle mich aber ausgesprochen erwachsen. Manchmal wünsche ich mir, ich wäre unerwachsener. Unbeschwerter. Kindischer.

SZ: Wäre es zu indiskret zu fragen, warum Sie keine Kinder haben?

Robert Smith: Als ich zwölf Jahre alt war, habe ich meinen Eltern gesagt, dass ich keine Kinder haben würde. Das war das einzige Mal, das mein Vater mich geschlagen hat.

SZ: Was man mit zwölf sagt und vielleicht am Ende provozierend meint, muss man aber mit 30 nicht genauso sagen.

Robert Smith: Da sehen Sie es wieder, manche Dinge verändern sich eben nicht mehr. Ich könnte es nicht aushalten, Vater zu sein. Das hört sich trocken und herzlos an, aber ich habe einfach nie diesen Drang in mir gespürt, ein Kind zu haben.

SZ: Und Ihre Frau?

Robert Smith: Es gab eine Zeit, da waren wir beide so Anfang 30, da schwankte Mary und dachte, sie wolle vielleicht doch Kinder. Ich hätte sie mit ihr bekommen, wenn sie sie wirklich gewollt hätte. Ich meine, um Mary zu behalten.

SZ: Sie würden alles für sie tun?

Robert Smith: Well, so schwer wäre es nun auch wieder nicht gewesen, Kinder zu bekommen.

SZ: Sie sind ein sehr netter Mann.

Robert Smith: Nein, nein, nein . . .

SZ: Doch, ich meine es ernst. Alles, was Sie über Ihre Frau sagen, klingt sehr liebevoll. Dachten Sie, das wäre ironisch?

Robert Smith: Es klang ein bisschen zynisch: nett!

SZ: Es sollte ein Kompliment sein. Mary wollte dann aber doch keine Kinder.

Robert Smith: Nein. Und wir haben auch reichlich Kinder um uns herum: 21 Neffen und Nichten. Mary kommt aus einer großen Familie, ich habe drei Geschwister und alle haben mindestens drei Kinder, manche sogar fünf. Nur wir haben keine Kinder. Wenn wir also alle zusammen sind, ist das schon fast surreal. Die Kinder betrachten uns beide weder als Kinder noch als Erwachsene. Wahrscheinlich, weil wir ihnen nie etwas vorschreiben, sondern ihnen Dinge beibringen, die ihre Eltern ihnen nicht beibringen.

SZ: Da werden sich die Eltern ja freuen.

Robert Smith: Wir sind nicht verantwortungslos dabei. Manchmal denke ich, wir hören den Kindern einfach besser zu. Eltern hören ihren Kindern oft nicht richtig zu.

SZ: Also haben Sie Kinder ganz gern.

Robert Smith: Ich habe Kinder irrsinnig gern! Es ist so leicht, mit Kindern zusammen zu sein. Sie stellen nur Fragen, die sie beantwortet haben wollen, nicht diese Fragen, auf die niemand eine Antwort erwartet. Man muss nachdenken, um ihnen zu antworten. Auf dem Cover der neuen Platte sehen Sie übrigens die Zeichnungen von meinen Neffen und Nichten.

SZ: Hm, vielleicht wären Sie ein guter Vater.

Robert Smith: Aber Kinder machen so müde! Haben Sie welche?

SZ: Einen Sohn.

Robert Smith: Dann müssen Sie es ja wissen. Alle Leute um mich herum, die Kinder haben, können nichts mehr unternehmen. Sie sind immer müde. Man hat den Eindruck, als würden sie die ersten Jahre mit ihren Kindern in einer Art Trance verbringen!

SZ: Stimmt: Schlaf wird plötzlich zu einem Riesenthema.

Robert Smith: Ich gehe jetzt dauernd mit Leuten aus, die 15, 20 Jahre jünger sind als ich. Einfach, weil sie noch keine Kinder haben.

SZ: Gibt es irgendetwas, das Sie gerne an ihrem Leben verändern würden?

Robert Smith: Weniger trinken wäre nicht schlecht. Aber ich mache das, was ich mache, sehr gern. Ich bin gern mit der Person zusammen, mit der ich zusammen bin, und ich lebe gern dort, wo ich lebe. Ich bin viel unterwegs, und mein Zuhause gibt mir Normalität. Ich kann mir kein besseres Leben vorstellen. Langweilig, oder? Ich setze mich jedes Jahr hin und überlege, was ich dieses Jahr anders machen könnte. Dann fällt mir wieder nichts ein.

SZ: Aber einen Wunsch hatten Sie ganz sicher, auch wenn er nichts mit Ihrem Leben zu tun hat: Dass England weiter kommt gegen die Portugiesen.

Robert Smith: Nein, ich finde Portugal am besten.

SZ: Fühlen Sie in einem solchen Moment nicht mit David Beckham?

Robert Smith: Mit Beckham? Nein! Er ist eine Flasche. Er sieht nur noch Dollars und versucht, sich in der Welt seiner Frau zurecht zu finden, anstatt seinem Instinkt zu folgen. Aber sagen Sie mal: Leben Sie hier in der Nähe? Es ist spät, und Sie haben doch gesagt, Sie müssen noch nach Hause fahren.

SZ: Ja, ich muss nach München.

Robert Smith: Sind Sie glücklich in Süddeutschland?

SZ: Es ist okay. Haben Sie etwas gegen Süddeutschland?

Robert Smith: Ich würde den Norden besser finden. Aber Sie sollten dort sein, wo Sie das Gefühl haben, hinzugehören. Sie bekommen keine zweite Chance.

Robert Smith, 45, gründete 1977 die Band “The Cure” in klassischer Drei-Mann-Besetzung. Die Anfänge waren punk-orientiert, mit “Seventeen Seconds” veröffentlichte die Band dann 1980 ihr Meisterwerk. In jener Zeit veränderte sich das Aussehen der Bandmitglieder: Aus den Schuljungen wurden Rocker mit hochtoupierten Haaren, Make-Up und schwarzer Kleidung.

Obwohl “The Cure” von den Gothic-Fans als ihre Band betrachtet wurde, hatten sie große Hits, die weit über die Szene hinaus erfolgreich waren, zum Beispiel “Boys Don’t Cry”, “Lovecats” und “Lullaby”. Die neue, schlicht “The Cure” betitelte und ziemlich rockige Platte ist gerade erschienen.

© Gabriela Herpell

Superchunk – In Between Days

Superchunk’s last album, Here’s To Shutting Up, came out in 2001. (For those keeping score, that’s a long-ass time ago.) The legendary Chapel Hill band has played a few gigs in the last decade, but mostly kept quiet, so when a Chicago show was announced, we made a collective little “squee” noise. And since we’re obviously big fans (“Detroit Has A Skyline” is on the master Undercover list!), we finagled and asked nicely and begged the quartet to drop by and record a song for us. Superchunk chose “In Between Days” by The Cure, and made it–as you’ll see–their own. Oh, and in case you hadn’t heard: There’s a new Superchunk album just around the corner, called Majesty Shredding. It comes out September 14 on Merge, and it’s a rocker in that old-school Superchunk way. Get excited.

“Disintegration”: Düsteres Meisterwerk von The Cure

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Der wabernde Keyboardsound erinnert zwar entfernt an den orchestralen Bombast von Vangelis (“Chariots of Fire”), aber dann schält sich in „Plainsong“ vehement und unaufhörlich die Melancholie heraus.

Von Heroik keine Spur, hier wird gelitten: Dunkel, windig und kalt ist die Welt in dem Song “Plainsong”, mit dem das Cure-Album “Disintegration” (1989), das gerade als 3 CD Set neu aufgelegt wurde, beginnt.

Ein unaufhörlich sich träge dahinwälzender Mahlstrom der Melancholie, der Cures achtes Studioalbum zu einem düsteren Meisterwerk der Schwermut macht. Robert Smith, der zur damaligen Zeit eine schwer depressive und durch Drogen entfremdete Phase durchmachte, hat dem Album seinen dunklen Stempel aufgedrückt.

Diese schwermütige Grundstimmung traf, allen Befürchtungen der Plattenfirma zum Trotz, ganz offenbar den Nerv der Zeit. Über 3 Millionen Mal verkaufte sich “Disintegration” und mit “Lullaby”, “Fascination Street”, “Lovesong” und “Pictures of You” sprangen zudem vier poppigere Hitsingles heraus, die leichter zugänglich waren in diesem Meer der Tristesse.

Bei der Deluxe-Ausgabe von „Disintegration“ dürfte neben dem remasterten Original und dem Live-Album „Entreat Plus“ vor allem die CD mit Raritäten (1988-1989) für Cure-Fans von Interesse sein, die hier eine geballte Ladung Songs in ihrer Instrumentalversion finden – alles zusammengestellt und überwacht von Robert Smith.

Beinahe hätte “Disintegration” tatsächlich ein Instrumental-Album werden können, wenn Robert Smith nicht seine Texte gerettet hätte, die bei einem Feuer in seinem Zimmer beinahe verbrannt wären. Mit nassen Handtüchern um Kopf und Schultern stürzte er sich unter Todesgefahr in den brennenden und verrauchten Raum. Danach war er ziemlich krank, seine düsteren Texte aber voller Hoffnungslosigkeit und Verzweiflung waren sicher.

02.06.2010

© Focus