Le musicien s’est confié mercredi soir à l’issue d’un concert durant lequel The Cure a passé en revue les hymnes new wave comme les tubes pop qui firent du groupe le roi des hit-parades durant les années 1980.
Après 1985 et 2002, le concert de ce soir était votre troisième Paléo. On devinait un réel plaisir de jouer. Je me suis battu depuis deux mois pour obtenir plus de temps sur scène. Deux heures, ce n’est pas assez. Ça n’a pas pu se faire, c’est frustrant. L’envie de jouer est plus que jamais là, je ne me suis pas senti aussi bien dans le groupe depuis très longtemps. Il y a cette intensité, ce plaisir, cette urgence… A chacune de nos venues ici, j’annonce que c’est notre dernier concert en Suisse. Un jour, ce sera vrai. Nous sommes plus près de la fin que du début. Cette réalité nous pousse à donner le meilleur. C’est le cas: je chante mieux, je me sens mieux.
A 24?ans, vous écriviez certaines chansons que vous avez jouées ce soir, comme One Hundred Years. Sa première phrase dit: «Ce n’est pas grave si nous mourons tous». Que ressentez-vous lorsque vous les chantez trente ans plus tard? J’aime le jeune Cure, il est toujours là, enfoui. Mais les gens changent, heureusement. A 20?ans, je n’avais pas connu la «vraie» mort, quand les gens que tu aimes commencent à disparaître autour de toi. Aujourd’hui, j’interprète One Hundred Years comme si je venais de l’écrire, avec tout ce que je connais de la vie. La première phrase est plus difficile à chanter à mesure que je vieillis.
Si vous deviez ne conserver qu’un seul de vos disques? J’ai une tendresse particulière pour la trilogie Pornography, Disintegration et Bloodflowers. Ce sont des albums solo, en quelque sorte, des photographies très exactes de moi à trois moments de ma vie.
© François Barras & Jo. B.